vendredi 3 octobre 2008

La rentrée de tm+

Concert de présentation de saison
de l'ensemble orchestral tm+
Samedi 11 octobre - 18 h 30
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Auditorium Rameau de la Maison de la Musique
8 rue des anciennes mairies - 92 000 NANTERRE
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par Christian Izorce



Comme nous vous l'annoncions lors de notre dernier article consacré à tm+, le concert de présentation de la nouvelle saison 2008/2009 aura lieu le 11 octobre prochain. Il permettra à Laurent Cuniot, directeur musical et chef de cet ensemble orchestral de détailler les étapes majeures de la saison qui commence...
Ce qui se fait traditionnellement au cours d'un concert dans le petit amphithéâtre Rameau de la Maison de la Musique et se conclut toujours de manière très conviviale, autour d'un verre. Occasion privilégiée pour le public de rencontrer les interprètes, leur chef, et les compositeurs associés.
Gratuit, mais à condition de réserver au 01 41 37 52 18 ou à l'adresse contact@tmplus.org.
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Une saison inouïe
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C'est sous ce qualificatif qu'est placée la programmation 2008/2009. C'est en tout cas une saison riche et variée que nous proposera l'ensemble. Tout d'abord en ce qui concerne les compositieurs joués. Un même concert pourra associer des noms aussi apparemment éloignés que ceux de Johannes Brahms, Jean-Philippe Rameau... Tristan Murail et Gérard Grisey. Nous découvrirons le moment venu quels liens les unissent... On y retrouvera également les talentueux Bruno Mantovani et Alexandros Markeas, compositeurs de notre temps avec lesquels Laurent Cuniot et l'ensemble ont développé au cours des années une véritable complicité.
Diversité aussi dans les lieux abordés : Nanterre bien sûr et quelques communes d'Ile de France, mais aussi la Finlande, le Danemark pour deux festivals (Odense et Copenhague), puis Tarbes, Reims, Beynes, Mâcon et Valenciennes...
Et il faut citer quelques rendez-vous qui s'annoncent majeurs : fin novembre, le programme Stupeur des Anges, libre association d'oeuvres en hommage à Olivier Messiaen ; Les 4 Jumelles, opéra-bouffe de Régis Campo, qui sera joué à plusieurs reprises et en plusieurs endroits, du 16 janvier au 10 mars ; Sprechcantando ou la couleur du point, soirée qui sera donnée le 9 avril à l'Espace de Projection de l'Ircam et qui associera le Pierrot Lunaire de Schönberg, ... sofferte Onde serene ... de Luigi Nono et une création d'Andrea Vigani. Enfin, signalons le programme très percussif du 29 mai, où le soliste Florent Jodelet sera une fois de plus mis à l'honneur.
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A suivre assidûment !

vendredi 12 septembre 2008

Sony Alpha 900 : Le reflex numérique à 24,6 millions de pixels.

Depuis le rachat de Minolta par Sony, les spécialistes attendaient avec impatience l’arrivée d’un vrai reflex de haut de gamme novateur dans la gamme du constructeur japonais. C’est désormais chose faite avec le nouvel Alpha 900, conçu pour se frotter directement à la concurrence du Nikon D700, et du Canon EOS 5D (en attendant son remplaçant). Ce boîtier au physique très pro utilise pour la première fois le nouveau capteur Sony CMOS Exmor plein format qui annonce fièrement 24,6 millions de pixels effectifs : un record ! Si la performance technique remarquable et le piqué qu’elle promet méritent d’être salués à sa juste valeur, on peut s’interroger sur la pertinence de cette démarche sur le terrain au vu des critiques formulées par certains professionnels à l’encontre du Canon EOS 1D Mark III et de ses 21 millions de pixels. Il ne s’agit pas tant de sa sensibilité en basse lumière (puisque ce dernier se débrouille très correctement dans ce domaine malgré la petite taille de ses photosites) que de problèmes liés à la diffraction de l’optique qui devient visible à faible ouverture.

Mais n’anticipons pas ! Car le Sony Alpha 900 bénéficie de toute façon d’une fiche technique particulièrement alléchante sur le papier. Cette nouvelle génération de capteur CMOS utilise la technologie Exmor qui assure d’une part la conversion des informations analogiques (la lumière) en numérique et d’autre part, d’une élimination du bruit numérique en deux phases, permettant de réduire ce dernier et de profiter au mieux des qualités de piqué des optiques Carl Zeiss de la gamme.

D’autant plus que le nouveau boîtier Sony inaugure aussi un double processeur Dual BIONZ encore plus puissant et doté d’algorithmes de réduction de bruit performants à 5 images/s, d’un viseur 100% ainsi que d’un stabilisateur d’image SteadyShot intégré qui permettrait de réduire la vitesse d’obturation de 4 paliers (ou de gagner 4 diaphs !) : une bonne nouvelle pour les amateurs de concerts. En matière d’ergonomie aussi, le Sony promet beaucoup en embarquant un bel écran LCD Xtra fine de 3 pouces et de 921 000 pixels (comme sur un Nikon D300), d’un autofocus à 10 points que l’on nous annonce très performant et peut être équipé d'un grippe vertical qui rallonge son autonomie.

Le châssis de l’Alpha 900 est en aluminium renforcé, alors que le boîtier proprement dit est en alliage de magnésium et profite de joints d’étanchéité en silicone. Sans flash ni objectif, le Sony pèse 850 grammes, ce qui confirme sa finition « Expert ».

Un look très "pro" avec sa poignée ergonomique optionnelle


Reste à savoir si ce boîtier, qui peut compter non seulement sur la très belle gamme d’optique Carlz Zeiss, mais aussi sur les anciens objectifs Minolta à monture G, saura imposer sa résolution exceptionnelle face au tout nouveau D700, puisqu’ils sont proposés au même prix : 2800 euros.

Nous allons vérifier ça pour vous dès que possible.

samedi 30 août 2008

Nikon VS Canon: la lutte sans merci continue

Nouveaux Canon EOS 50D et Nikon D90: les deux leaders de la photo numérique fourbissent leurs armes avant la Fotokina


Cette fois-ci, les choses paraissent claires chez les deux leaders japonais du reflex numérique : les boîtiers d’entrée de gamme et expert devraient rester fidèles aux capteurs dits APS-C, qui permettent d’obtenir un excellent compromis entre encombrement, poids et qualité d’image, alors que les professionnels se voient proposer des boîtiers dotés de capteurs plein format, équivalant 24 x 36, pour profiter d’une meilleure sensibilité dans les basses lumières et d’un piqué d’image exceptionnel.

Si Canon est longtemps resté en tête des ventes grâce à une gamme de reflex bien positionnée dans tous les secteurs, Nikon a fait plus que réagir ces derniers mois à travers le D300, un reflex doté d’un capteur APS-C de haut de gamme qui se place à la frontière entre les gammes pro et grand public, et le fameux nouveau D700, qui propose un capteur plein format et la quasi-totalité des avantages du D3 à moitié prix. En attendant l’arrivée probable d’un 5D Mark II à la Fotokina pour concurrencer le D700, Canon se devait de réagir pour résister au D300 dont les ventes s’envolent sur le marché français comme à l’étranger.



Voici donc venu le temps du Canon EOS 50 D. Ce nouveau boîtier propose un capteur APS-C comptant 15,1 mégapixels, soit 50% de pixels en plus que le 40D, le tout pour un prix conseillé de 1499 euros. Ce capteur haute définition est accompagné d’un nouveau processeur baptisé Digic IV qui traite les images sur 14 bits tout en offrant _ du moins sur le papier _ une sensibilité impressionnante de 12 800 ISO et une cadence rafale de 6,3 images par seconde sur 90 vues en mode JPEG. Comme sur le Nikon, on retrouve également un mode LiveView, qui permet de se servir de l’écran arrière pour viser et déclencher, sans passer par le viseur. Une fonction finalement peu utile, dès lors que l’on décide d’acheter un reflex, mais qui rassurera sans doute les néophytes… On restera moins impressionné par le système autofocus sur 9 capteurs, tout en saluant sa totale compatibilité avec les accessoires du 40 D, modèle qui reste d’ailleurs au catalogue. Enfin, le 50D est offert en kit avec un EF-S 17-85 IS USM à 1799 euros et à 2099 euros avec le nouveau et très performant EF-S 18-200 IS, qui présente sans doute le meilleur choix pour un premier équipement.

Sur le papier, le Canon EOS 50D possède donc de nombreux arguments pour convaincre. Seulement voilà, il semblerait que Nikon ait bien préparé sa rentrée, en dévoilant au même moment un nouveau boîtier expert, le D90, qui vient remplacer le vieillissant D80 de fort belle manière pour concurrencer le 40 D et offrir ainsi une alternative convaincante à chaque boîtier de son concurrent.




Le Nikon D90 reprend le même design que son prédécesseur, mais remet les pendules à l’heure en matière de résolution avec un capteur APS-C comptant 12,3 mégapixels, directement issu de son grand frère D300 (vous suivez toujours ?!) pour un tarif de 949 euros boîtier nu. Mais la grande nouveauté vient surtout de sa capacité à réaliser de la vidéo, une première pour un reflex, avec son mode LiveView qui, combiné à un prisme spécifique qui peut rester en position haute pour filmer en 1280 x 720 pixels en profitant du petit micro intégré. Évidemment, il ne s’agit pas du seul argument de ce nouveau boîtier, mais gageons que cette fonction amusante donnera peut-être envie à certains photographes amateurs de passer à un boîtier reflex plutôt que de se contenter d’un « vulgaire » bridge… d’autant que l’on pourra profiter des belles optiques grand-angle interchangeables qui caractérisent le système reflex pour capturer des films dans les meilleures conditions.
Pour le reste, le D90 fait évidemment mieux que le D80 qu’il remplace, et ce dans tous les domaines. Avec notamment une cadence « moteur » poussée à 4,5 images par seconde, un autofocus sur 11 points Multi-CAM 1000, la dernière version du processeur Expeed, qui offre une sensibilité de 6 400 ISO comme sur le grand frère D300, le D-Lightning actif, qui offre une correction automatique et efficace des sous-expositions et surexpositions en JPEG, mais aussi, ce qui est plus original, un mode de correction de la distorsion des objectifs de la marque, qui facilitera la vie au jour le jour.



Parallèlement à la sortie du D90, Nikon annonce l’arrivée d’un nouveau zoom trans-standard stabilisé, dédié aux capteurs DX (c'est-à-dire APS-C) baptisé Nikkor AF-S DX VR ED 18-105 mm (ouf !) dont la plage de focale est équivalente à un zoom 24 x 36, 27-157 mm, et qui offre une ouverture maximale comprise entre f 3,5 et f 5,6, le tout pour seulement 299 euros. Offert en Kit avec le D90 à moins de 1300 euros, ce zoom permet à Nikon de se maintenir au meilleur niveau dans la bataille sans merci que se livrent les deux spécialistes du reflex numérique… pour le plus grand bénéfice du consommateur !


vendredi 29 août 2008

Deux coffrets consacrés à John Cage chez Brillant Classics

Who is afraid of John Cage ?

par Christian Izorce

John Cage au travail dans les années 40


Brilliant Classics, jeune label néerlandais désormais bien connu pour ses monumentales monographies à prix économique (Bach, Mozart, Beethoven, Brahms), s’intéresse également à l’œuvre de certains compositeurs contemporains.
Il en va ainsi de John Cage (1912 – 1992) et de ses œuvres pour piano préparé, toutes rassemblées sur trois CD dans un pack paru en 2007. Plus récemment encore, l’intégralité de son œuvre pour piano et voix, et de son œuvre pour piano et violon ont fait l’objet d’un même traitement chez cet éditeur.
Il convient de saluer cette initiative, assez étonnante d’ailleurs chez un éditeur qui vise initialement un assez large public.
Commençons notre parcours par le second coffret cité, qui propose un panorama d’œuvres finalement assez abordables, par contraste avec les pièces pour piano préparé dont la découverte nécessite sans doute une petite mise en condition.

Four Walls - Complete works for piano & voice and for piano & violin
Brilliant Classics 8850 – DDD (3 CD)

Réécoutés aujourd’hui, les "Four Walls" composés par Cage en 1944 ont quelque chose de prémonitoire. Il émane en effet de ces plages rythmées et dramatiques une impression d’autorité et de sobriété que l’on peut retrouver, quelques décennies plus tard, dans les improvisations d’un certain … Keith Jarrett, pour ne citer que lui. Le pouvoir de conviction immédiat que développe cette suite fait rapidement oublier que l’on écoute l’un des compositeurs les plus hardis de toute l’histoire de la musique. Toute de force contenue ne demandant qu’à se sublimer, l’interprétation de Giancarlo Simonacci est d’une majestueuse et sombre évidence.

Plus brillant et démonstratif que les "Four Walls", le Cage des "Seasons" (1947) joue ostensiblement dans la cour des Ravel et des Debussy. Le propos naturaliste y est sans doute pour quelque chose. Une très belle pièce, elle aussi susceptible d’enchanter de nombreuses oreilles.

"Nocturne" (1947) et "Six Melodies" (1951) se situent dans la même veine que celle du fameux "Quatuor à Cordes" où Cage abandonne notamment l’emploi du vibrato, ornementation typique de cette forme et qu’il considère comme totalement superflue, voire relevant du pur pathos. Il ne reste donc des instruments à cordes (ici, du seul violon) qu’une ligne pure et souvent délicate, d’une intemporelle et fragile beauté. Cette caractéristique est mise en exergue par le jeu fin et presque plaintif de David Simonacci. Ces "Melodies" possèdent un pouvoir d’envoûtement manifeste. Certaines d’entre elles évoquent naturellement quelque folklore dont on ne saurait précisément situer l’origine : ce n’est ni balkanique, ni celte, ni indien… mais peut être un peu de tout cela à la fois ? D’autres plages luisent doucement d’une belle lumière diffusant une quiétude sans limite. De magnifiques pièces, hypnotiques, invitant à la méditation et à l’introspection. Somptueux et évanescent.

Plus statiques encore que les plus calmes des pièces précédentes, "Two4" (1991) et "Two6" (1992) sont deux objets célestes aux pulsations d’une extrême lenteur. En quelque sorte, le minimalisme fait musique. Le jeu du violon en quart de tons confère à ces morceaux une saisissante étrangeté. Si Satie est le père assumé de la «musique d’ameublement», alors Cage est sans nul doute celui de la «musique du dénuement».

Les "Melodies" distillaient des climats propices à la méditation ; "Two4" et "Two6" confinent résolument au transcendental.

Commentaire technique :

Le piano est ici merveilleusement consistant et bien enveloppé de résonnances qui dramatisent encore son expressivité. Il affiche sur toutes les plages une pureté minérale et une rigueur harmonique poussées, dans le cadre d’une prise de son au spectre très étendu.
Le violon est enregistré de très près, ce qui lui donne un caractère tonal tout à fait particulier (à la fois mat et parfois presque grinçant), assez peu souvent rencontré au disque, et rarement perçu de cette manière en concert. De ce point de vue, la toute première écoute peut dérouter. Les bruits de frottement de l’archet, indispensables, sont particulièrement bien mis en relief.


Complete Music for Prepared Piano
Brilliant Classics 8189 – DDD (3 CD)

Les pièces pour piano préparé sont évidemment d’un abord plus difficile que celle citées ci-dessus. Rappelons que John Cage, esprit rebelle et avant-gardiste, sorte de dadaïste en musique, seul ou au sein du mouvement Fluxus, fût l’un des premiers, immédiatement à la suite d’Henry Cowel, à vouloir détourner – pervertir ? - la structure harmonique de l’instrument en insérant ou en posant sur ses cordes des objets de toute nature. Cette pratique a ensuite été reprise par d’autres compositeurs ou performers, de manière ponctuelle ou plus systématique, et ce dans des répertoires variés. On peut notamment citer le compositeur russe Alfred Schnittke, assez coutumier du fait, ou encore le guitariste Fred Frith, auquel nous avons récemment consacré un compte-rendu de concert relevant justement de cette pratique.
Pour le jeune Cage des années 40, outre la démarche purement iconoclaste s’apparentant à un sabotage de l’instrument et du répertoire qui lui était jusqu’alors associé, il s’agissait aussi de créer des musiques et sonorités originales (évoquant celles du gamelan indonésien) pour accompagner notamment les ballets de Merce Cunningham, chorégraphe américain dont il était très proche.

On ne soulignera ici que le caractère totalement inouï du résultat sonore (pour l’époque en tous cas… mais sans doute encore aujourd’hui !), qui met en exergue les aspects percussifs du jeu pianistique, tout en écourtant la durée des notes et en "acidifiant" ou en "métallisant" les timbres. Les obstacles constitués par les points de contact des objets avec les cordes contribuent en effet à décaler les fréquences de résonnance des cordes vers l’aigu, à freiner leurs modes de vibration libres, et à faire apparaître des toniques liées à la nature et à la forme mêmes des objets déposés. Il reste que cette dégradation du contenu harmonique des notes et accords vers une espèce de fausseté tonale - la matière sonore semblant comme «évidée» - peut ne pas être du goût de tout le monde…


Et le piano préparé le plus ultime, le plus définitif, est sans nul doute celui de l’installation "Infiltration-homogen for grand piano", réalisée en 1966 par son acolyte de Fluxus Joseph Beuys, et qui est lui totalement réduit au silence puisqu'entièrement enveloppé d'une épaisse ganse de feutre !
Un silence d'ailleurs cher à Cage.

Mais revenons au tryptique édité par Brilliant Classics, qui regroupe donc la totalité des compositions de Cage pour piano préparé, c'est-à-dire plus de trois heures de musique au total, dans les interprétations compétentes et précises de Giancarlo Simonacci, décidément grand spécialiste de Cage.
A l’étrangeté des sonorités se combine l’originalité de la composition des pièces, souvent de forme miniature, en une espèce de tout où forme et fond s’avèrent absolument indissociables.

Pour aborder ce répertoire que l’on peut qualifier de difficile, on commencera tout naturellement par les premières pièces du CD n°1, composées entre 1940 et 1943, et qui sont d’une matière puissamment rythmique. Leur construction affirmée présente des motifs bien dessinés et récurrents - à défaut d’être parfaitement "mélodiques" -, auxquels l’oreille pourra assez facilement s’agripper. Un souffle jazzy parcoure même certains titres tels que «Primitive», et pourront par exemple faire penser au jeu martelant développé par le pianiste Ahmad Jamal dans ses plus récents disques ... ou même de plus anciens. On pourra également évoquer le caractère ludique et drôle de la majorité des scènes de la suite "The Perilous Night" (1943-1944), ou de "A Valentine Out of Season" (1944) et de "Mysterious Adventure" (1945).

Dans un second temps, les "Sonates et Interludes" pourront être appréciés en dépit du – ou plus justement pour le – délitement manifeste de la structure musicale qu’elles affichent. Cette esthétique rejoint finalement l’attirance de Cage pour le vide, la déconstruction des schémas établis, l’émergence du hasard dans l’œuvre musicale – et dans l’œuvre d’Art tout court. Même si ces pièces sont rigoureusement écrites et ne peuvent donner lieu qu’à de relatives variations d’interprétation, il est indéniable que l’impression d’écoute globale et spontanée qu’elles génèrent les place sur des terres incertaines, chaotiques, dont le relief semble se dérober sous les pieds à mesure qu’on les parcoure. Leur exploration reste donc délicate.
A l’instar d’autres œuvres contemporaines qui présentent un caractère ostensiblement provocateur (que ce soit dans l’instrumentation choisie ou l’écriture ou les deux), il faut aborder ce répertoire sans a priori, dans une disposition d’esprit s’interdisant tout jugement immédiat. Au final, on reste évidemment libre de ne pas apprécier ce que l’on entend !

Commentaire technique :

Ce second coffret de 3 CD très bien réalisés est réellement un must pour qui souhaite découvrir et approfondir ce pan si particulier de la musique du XXe siècle. Il jouit d’une qualité d’enregistrement qui fait bien ressortir tout ce que ces sonorités ont de particulier, avec une excellente notion de matière. On profite également d’une très bonne spatialisation des sons suivant l’arc correspondant à l’extension physique réelle du piano.


dimanche 17 août 2008

Christophe - Aimer ce que nous sommes : un album différent et personnel

Pour beaucoup, à commencer par votre serviteur, Christophe est longtemps resté le symbole d’une certaine forme de variété douce-amère, acidulée à souhait par des claviers d’un autre âge. Un porte-drapeau d’une culture qui me fit danser et flirter à mon adolescence, aux accents de ces yeux bleus délicieusement kitch pour lesquels je garde forcément une tendresse particulière.

Et puis Christophe a disparu, comme s’il refusait de se cantonner à sombrer dans la nostalgie de ses succès pour faire bouillir la marmite, comme certains de ses confrères. En 2001, il refait surface avec Comme si la terre penchait, un album sombre et subtilement arrangé par un artiste pluriel et singulier, marqué par une vraie inspiration, des textes et des compositions troublants et ambigûs, la sensibilité à fleur de peau.

Il aura fallu sept ans de plus pour donner naissance à Aimer ce que nous sommes. Des rencontres, sans doute beaucoup de nuits blanches comme il les affectionne, une envie de se projeter plus loin encore, un peu à la manière d’un Bashung dans son Imprudence, vers ce mélange original et inattendu de poésie simple, d’arrangements parfois flamboyants, sans oublier pourtant le côté « néon juke-box lino » qui caractérise son univers crépusculaire et sensuel.
Si « aimer ce que nous sommes », c’est assumer toutes les facettes de sa personnalité, alors Christophe peut se venter d’avoir brillamment réussi son pari en mélangeant des morceaux d’une rare sophistication formelle – profond et sensible à la fois dans ses textes et ses partis pris artistiques –, à des plages plus ludiques, consciemment kitch, tel « Tonight Tonight » dont raffolera son public habituel.
Pourtant, Christophe échappe facilement aux clichés en mélangeant les genres et les cartes, en jouant du vocodeur et des synthétiseurs, d’un piano qui pleure sous les sentiments ambigus, sombres et lumineux à la fois, pour nous faire plonger dans son univers, oreilles et cœurs aux aguets à la découverte d’un personnage attachant dans sa complexité et son ambivalence assumée. Influences ethniques et guitare électrique en bandoulière, exaltation des montées en puissance des violons, voix écorchée par ce mélange de modernisme et de mélancolie, Christophe se livre et se délivre tout entier, amoureux fou et transi, romantique, pudique et provocateur à la fois pour toucher son auditoire.
Certains y verront peut-être, par manque de référence ou de vécu, l’expression d’un ego démesuré ou d’un jeu de miroir pseudo intellectuel. J’y ai vu pour ma part une envie d’exister complètement, totalement, à travers des mélodies souvent belles et pas si faciles, servies par des textes que l’on prend plaisir à décrypter sous la production luxueuse qui les habille.
Et puis il y a ces amis, ces visites qui habitent le disque en filigrane, comme la voix d’Isabelle Adjanie sur « Wo wo wo wo », le premier morceau, la trompette au timbre tellement personnel d’Erik Truffaz sur le magnifique « Odore di femina », les gitans qui entourent Moraito Chico ou le piano de Carmin Appice quand Christophe ne se met pas lui-même à l’instrument.
Aimer ce que nous sommes est un album troublant, séduisant, sombre et différent, sensible et puissant, que l’on prend plaisir à écouter tout entier, pour entrer complètement dans l’univers d’un artiste qui mérite largement sa place dans une discothèque d’aujourd’hui. En tout cas dans la mienne !



Un peu de technique :

Il suffit d’écouter la dernière plage du disque pour prendre conscience du nombre impressionnant de personnalités, de techniciens, d’artistes et d’instrumentistes mis à contribution pour réaliser cet objet sonore complexe. Enregistré dans huit studios situés dans trois pays différents (France, Angleterre et Espagne), Aimer ce que nous sommes aurait pu se révéler moins convaincant techniquement que musicalement. Mais il faut croire que Christophe et Christophe Van Huffel, responsables de la production, savaient ce qu’ils faisaient au moment de rejoindre en un tout cohérent les délires et les voyages d’un artiste qui préfère visiblement la courbe à la ligne droite. Aimer ce que nous sommes est un album étonnant, pas toujours parfait, mais remarquablement abouti compte tenu de cette complexité viscérale. Tout le monde semble y trouver sa place au sein d’un espace sonore électroniquement très travaillé, qui ne manque pas de mettre en valeur chaque interprète. Mélange d’ambiances électroniques et acoustiques, le disque nous emmène en voyage, nous ballade dans les rues sombres d’une ville la nuit ou sous les feux des projecteurs d’une boîte de nuit, emporté par des basses profondes et contrôlées, un haut du spectre tour à tour rustique et croustillant de détails, mais toujours dans l’emphase d’une mise en scène qui ne ménage rien pour impressionner l’auditeur. Evidemment, les réverbérations exacerbées, surtout sur les voix, et les effets stéréo feront leur petit effet sur n’importe quel transducteur, même si la compression omniprésente étouffe parfois un peu la dynamique dont sont capable les plus gros systèmes.

Christophe
Aimer ce que nous sommes
Chez Universal Music

A écouter aussi: Comme si la terre penchait

dimanche 3 août 2008

Une heure chez Pierre Henry - musique concrète

Du 4 au 15 Août 2008 - Séances à 16 h 30 et 18 h 30

Une production Festival Paris Quartier d'Eté & Son/Ré



Pierre Henry tel qu'en lui-même

par Christian Izorce




Pierre Henry chez lui - crédit photo Geir Egil Bergjord

Quatre-vingt-un ans déjà, figure singulière et chenue, le regard parfois ailleurs mais encore acéré, il reçoit de nouveau le public en sa demeure, comme il l’a fait à déjà trois reprises au cours des dernières années. Quatre éditions de " Pierre Henry chez lui " au total, plusieurs douzaines de séances, bien moins onéreuses qu’une psychanalyse – alors que l’immersion dans pareil environnement sonore et créatif peut assurément conduire le visiteur très loin à l’intérieur de lui-même !

Des séances où nous sommes donc admis à investir la maison de Pierre Henry pour une heure environ. Séances qui commencent par la visite d’un lieu littéralement hors-norme, et se poursuivent par la projection in situ de pièces de musique concrète. Séances qui s’accompagnent de la possible déambulation dans ce merveilleux capharnaüm (que tout inconscient normalement constitué rêve d’avoir en permanence pour cadre de vie). Le public est en effet invité à s’installer, qui à la cave, qui à la cuisine ou dans une chambre, et à changer de pièce à l’intermède s’il le désire.
Des conditions qui suscitent l’écoute rapprochée et attentive, forcément concentrée, d’un événement musical exceptionnel, au sens propre du terme.


Inlassable sculpteur sonore

En effet, comment mieux appréhender le travail d’inlassable sculpteur sonore de Pierre Henry, qu’en se rendant directement à son domicile ? Comment mieux se laisser pénétrer de ses plus intimes pensées, qu’en s’immergeant un (trop) court moment dans son propre univers, peuplé d’objets et d'œuvres hétéroclites ? Comment mieux abolir la distance et le voile posés par toute forme de mise en scène, qu’en acceptant cette invitation au plus près ? Tout en sachant le compositeur présent, juste dans la pièce à côté (dans laquelle il ne se retranche ni ne s’expose).


Pierre Henry à la table de mixage - crédit photo Geir Egil Bergjord


Bien entendu, l’absence de mise en scène est aussi mise en scène. Et comme aiment également à le souligner les physiciens, quoi que l’on fasse pour éliminer les obstacles et les filtres, la mesure (ici, l’écoute) influe singulièrement sur l’objet et la quantité à mesurer. Oui mais, là, nous sommes au contact le plus direct qui soit avec la matière acousmatique créée par Pierre Henry, nichés bien au cœur de ce petit accélérateur de quanta sonores qu'est sa maison. L’instant est pure musique, pure création, car posé à la source même du jaillissement sonore.
Mais il est aussi éloigné que faire se peut d’une quelconque forme de " work in progress " - formule devenue ces derniers temps assez convenue, pour ne pas dire galvaudée. Car ce qu’a diffusé Pierre Henry " chez lui " au cours de ces années, ce furent des créations nouvelles et finies (que l’on a d’ailleurs retrouvé éditées in extenso au disque aussitôt projetées).


Une redécouverte de l'œuvre

Ainsi l’a voulu l’auteur, ainsi se déroulera, du 4 au 15 Août, le millésime 2008 d’ Une heure chez Pierre Henry : premières parties constituées de pièces anciennes et moins anciennes – et en seconde partie, la projection de " Miroir du Temps ", composé pour la circonstance. Une heure pendant laquelle le Maître (et quand même démiurge) officie, mais sans cérémonial particulier, assis derrière sa table de mixage, tout au contrôle de son travail, qu’il qualifie lui-même d’artisanat. Il y est secondé par Bernadette Mangin, son assistante musicale de toujours, et projette ses pièces à travers un réseau dépareillé de haut-parleurs, disséminés dans toutes les pièces de ce petit édifice du XIIe arrondissement de Paris.
Cinquante œuvres au total, et l’auteur qui déclare : "J’ai tenté dans ce miroir temporel de retracer les jalons de toute mon œuvre depuis soixante ans". L’occasion de (re)découvrir ce travail est donc unique, car la quasi-totalité des compositions majeures de Pierre Henry y seront données, du moins sous forme de séquences, mais dans un programme qui change de séance en séance…


Face au miroir, que voit-on ?

" Miroirs du temps ", seule création de ce cycle de séances, contient à l’évidence l’essence même de l'œuvre de Pierre Henry. A commencer par cette lente introduction aux accents surannés de piano préparé, organisés en une belle et progressive consonance… Nous y retrouvons ensuite, plongés dans un futurisme brut parcouru à rebours - sorte de régression salutaire vers une poésie bruitiste un peu " datée " mais toujours hypnotisante -, une forme très construite qui compose la bande-son du ballet désormais presque familier des particules élémentaires de cette curieuse physique.
Ballet qui prit naissance il y a une bonne soixantaine d’années.
Une audace folle à l'époque. Une singulière étrangeté aujourd'hui encore.

La visite s’impose.



Discographie du cycle " Pierre Henry chez lui "

Voici ce qu’écrivait Anne Rey il y a quelques années : " Pierre Henry n’est pas un compositeur de musique contemporaine, au sens quelque peu restrictif du terme. Il n’a jamais trouvé sa place dans les avant-gardes officielles, n’a jamais suscité d’exégèses savantes, et s’il a des disciples, ce n’est pas de son fait ".
Effectivement, il a des disciples, il n’en a même jamais tant eu ! Pierre Henry a produit une œuvre finalement séminale, consciemment ou non. Tout d’abord à l’aide de simples microphones, de magnétophones à bande (voir la collection des vieux Telefunken de son studio) et probablement de plusieurs paires de ciseaux. Cet amateur d’anachronismes travaille depuis quelques années à partir de sons reportés sur DAT (Digital Audio Tape), format issu du monde professionnel mais aujourd’hui " dépassé ", sans l’aide de l’outil informatique. La manipulation concrète des sons sur bande lui reste en effet indispensable. Le traitement et la visualisation des signaux sur station informatique, tout à fait superflus.

Intérieur/Extérieur (1996)

Composé pour la première édition du cycle, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris. Un disque dense, qui réclame tout de même une disponibilité d’esprit particulière. Mais alors ! Une œuvre où les riffs de guitare du groupe américain Violent Femmes (entre autres éléments) se dissolvent dans un bouillonnant bain d’huiles sonores essentielles, parfois hérissé d’objets contondants.


Dracula (2003)

Bande son imaginaire d’un film qui n’existe pas mais que tout le monde a pourtant vu. Pierre Henry explore le thème fantastique en s’appuyant sur la Tétralogie de Wagner. Une illustration particulière de ce que peut être la musique concrète telle que définie à ses débuts par Pierre Schaeffer, c'est-à-dire une sorte de métaprocessus compositionnel faisant feu de tout bois, en s’autorisant aussi l’utilisation de séquences et d'œuvres musicales préexistantes. Composé pour la deuxième édition du cycle.


Voyage Initiatique (2005)

Titre ambitieux, mais bien dans l’esprit de l'œuvre du compositeur, qui comporte tout de même des pièces intitulées Le Livre des Morts Égyptien, Apocalypse de Jean, ou encore Dieu. Ce " Voyage… ", plus de quarante ans après le premier " Voyage " (1962), est aussi une merveilleuse manière, sereine et envoûtante, d’aborder ces territoires sonores. Le troisième volet.


Et pour poursuivre l'exploration, se reporter à l'édition Philips en quatre coffrets :

Mix 01.0

Mix 02.0


Mix 03.0

Mix 04.0





L'auteur remercie Elisabeth Le Coënt (MYRA)


jeudi 31 juillet 2008

Nouvelle gamme de compacts Panasonic: pixels et grand-angle à tous les étages

Panasonic s’apprête à lancer sur le marché une nouvelle gamme d’appareils photo numériques qui profitera pleinement de son association avec Leica, le spécialiste allemand des optiques de très haut de gamme, bien connu des amateurs avertis et des professionnels.
Outre l’augmentation de la résolution des capteurs, ces nouveaux appareils se caractérisent surtout par l’apparition d’optiques zoom offrant une vraie position grand angle, traditionnel point faible des compacts, ainsi qu’une ouverture importante facilitant la prise de vue en faible lumière.

- Le Panasonic DMC-FX37 est le successeur de l’adorable FX35 dont il reprend les contours et la taille, associé à un nouveau zoom optique Leica 25-125 mm stabilisé ouvrant à f/2,8 à 25 mm. Avec une résolution de 10,1 mégapixels, un autofocus dynamique amélioré et la possibilité de filmer au format 1280 x 720 pixels (à 30 images par secondes), il devrait rapidement devenir le chouchou de tous ceux qui cherchent un ultra-compact performant à glisser dans la poche en toute occasion. Le DMC-FX37 sera disponible en septembre, en finitions noire, chocolat ou blanche, au prix de 299 euros.


- Le Panasonic DMC-FX150 est un compact aux formes élégantes, destinés aux amateurs experts. Il offre une résolution de 14,7 millions de pixels associé à un zoom optique stabilisé Leica 28-100 mm doté d’une ouverture intéressante de f/2,8 à 28 mm. Outre le mode optimisé « tout automatique », le FX150 dispose également d’un mode manuel qui permettra à chacun d’effectuer ses propres réglages, et aussi d’un mode bracketing sur l’exposition et les couleurs. Ce dernier mode enregistre simultanément une version couleur, monochrome et sépia de la même image. L’ensemble de ces fonctions est géré par un nouveau processeur d’image baptisé Venus Engine IV, doté d’un réducteur de bruit que le constructeur annonce très performant, y compris à des sensibilités ISO allant jusqu’à 6400 ISO. Le DMC-FX150 profite enfin d’un mode vidéo HD qui permet d’enregistrer des films au format 1280 x 720 pixels à 20 images par seconde ainsi qu’en VGA (640 x 480) et WVGA (848 x 480) à 30 images par seconde. Un ensemble de caractéristiques qui met l’eau à la bouche ! Le DMC-FX150 sera disponible courant septembre au prix de 399 euros. Un tarif élevé mais logique, compte tenu de cette fiche technique « expert ».

- On retrouve le même processeur d’image et les mêmes possibilités de traitement d’image sur le nouveau bridge Lumix DMC-FZ28, doté pour sa part d’un capteur 10,1 millions de pixels associé à un zoom optique 18 fois ! Il s’agit d’un objectif Leica DC Vario-Elmarit 27-486 mm (en équivalent 24 x 36) d’ouverture f/2,8 - 4,4, stabilisé, qui offre une belle flexibilité dans un boîtier encore relativement compact. Ce dernier devrait être proposé en septembre à 429 euros.


- Enfin, avec le DMC-LX3, Panasonic a pensé aux amateurs de reflex, mais qui cherchent un appareil photo compact haut de gamme aux caractéristiques proches de ces derniers. Il est équipé d’un « grand » capteur CCD 1/1.63 pouces de 10,1 mégapixels, conçu pour offrir d’excellentes performances en basse lumière, ainsi qu’une qualité d’image élevée. Les pixels de ce capteur sont environ 45% plus grands que ceux que l’on trouve sur les appareils compacts traditionnels, ce qui permet d’augmenter la sensibilité de 19% et la saturation de 15% par rapport à un Lumix DMC-FX35.
Mais la nouveauté réjouissante vient surtout de l’arrivée d’un nouveau zoom stabilisé 24-60 mm (en équivalent 35 mm) : le Leica DC Vario-Summicron, qui affiche une ouverture de f/2 à 24 mm ! Voilà qui devrait réjouir celles et ceux qui aiment jouer avec la profondeur de champ et prendre des photos de concert à la volée dans la pénombre. D’autant que LX3 profite du processeur Venus Engine IV pour enregistrer des images en pleine résolution à 3200 ISO, et même à 6400 ISO en utilisant le mode haute sensibilité. Selon nos sources, il déclencherait en 0,005 seconde !
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, le LX3 peut enregistrer les fichiers en RAW afin de faciliter le post-traitement des images au sein d’un logiciel expert.
En matière d’utilisation, Panasonic dote ce bel objet au physique très « pro » d’un écran LCD 3 pouces de 460 000 pixels qui adapte son rétro-éclairage en fonction de la luminosité ambiante. Comme ses petits frères, son mode vidéo permet de capturer des petits films en format 1280 x 720 pixels, en WVGA et en VGA avec une fluidité de 20 images / seconde.

En option, le LX3 pourra bénéficier d’une lentille de conversion optionnelle de 18 mm, de filtres gris neutre et polarisant, d’un viseur optique externe en aluminium et d’un flash compact et puissant.
Le DMX-LX3 sera proposé à son lancement (en Septembre également) au prix de 499 euros. Nous ne manquerons pas de vérifier sur le terrain les avantages de cette fiche technique particulièrement alléchante !

mardi 22 juillet 2008

Rokia Traoré - Tchamantché


Rokia Traoré
est une artiste hors du commun. Cette auteur- compositrice- interprète malienne a su développer un style bien à elle en mêlant la tradition griot de son pays à des influences occidentales tout à fait contemporaines. Elle sort aujourd’hui un quatrième album, Tchamantché, qui mérite notre attention, tout du moins sur le plan artistique.


Bomboï, le précédent album de Rokia Traoré, reposait entièrement sur un concept acoustique porté par les traditions de l’Afrique, et cette voix, « impliquante » plus que sensuelle, qui la différencie clairement de ses compatriotes. Servi par une réalisation hors norme (un vrai délice à écouter sur un système haut de gamme, fort, bien sûr, de préférence !), il me sert toujours de référence lorsqu’il s’agit de juger des qualités de timbres et de la capacité de mise en espace d’un appareil hi-fi.

Avec Tchamantché, l’artiste dévoile une nouvelle facette de sa personnalité. On y retrouve, bien sûr, l’Afrique à travers ces chœurs maliens, le balafon, les percussions et la guitare typiques de ses compositions précédentes, mais aussi de nouvelles sonorités, à l’image des programmations, qui viennent habiller discrètement le background de « Douna », le premier morceau du disque. Dès le deuxième morceau, on éprouve aussi la volonté de l’artiste de se rapprocher de l’auditeur à travers un phrasé, une expressivité plus tendre et plus sensuelle, qui fait mouche dans sa simplicité.
« Zen », le troisième morceau, est chanté en français, un peu à la façon de Zazie, et profite du talent de Marcel Kanche qui en cosigne le texte avec Rokia. « Aimer », le quatrième, mêle le français et le malien, les instruments traditionnels africains et les ballets légers à la caisse claire, avant de se laisser porter par la voix de Rokia, rauque à l’occasion, toujours vibrante, qui nous entraîne dans une déclaration d’amour insoumise qui nous prend au ventre. Il ne doit pas être facile de capturer ce cœur-là !

"Kounandi" est une très belle ballade qui mêle la guitare de Sibi Koné à la harpe de Christophe « Disco » Minck. Une mélodie simple et lumineuse à laquelle la chanteuse apporte une sensibilité que l’on ne lui a pas toujours connue.
Cette magnifique princesse, qui porte sa fierté sur son visage comme un diadème, semble se dévoiler un peu plus au fur et à mesure que l’album avance, comme si elle se donnait complètement aux émotions qui l’habitent à travers une tendresse qui vient caresser l’oreille de l’auditeur.
Avec « Koronoko », on revient à quelque chose de plus conforme à ce que la chanteuse nous avait donné à entendre sur ses précédents albums. Servi par une mélodie qui avance, « Tounka » nous entraîne sur les pistes de terre rouge à un train d’enfer et toute l’expressivité sauvage dont Rokia est capable, à la fois rauque et fulminante comme une lionne.

Tchamantché profite du talent de Steve Shehan, impérial aux percussions. Un talent que l’on retrouve dans la lumière cuivrée du hang qui ouvre « A ou ni sou » (composé par Steve Shehan et Rokia Traoré) pour souligner avec subtilité la voix de Rokia jusqu’à l’extinction des notes des deux instruments.

L’album n’est pas fini pour autant, et il nous faudra attendre 30 secondes dans le silence pour découvrir une étonnante reprise de « The man I love » de Gershwin, portée par deux guitares, une basse puissante et la voix haut perchée de Rokia qui se laisse aller au swing langoureux de la mélodie avant de nous propulser vers l’Afrique : quand l’anglais se fait malien… Le bonheur du mélange des cultures à son paroxysme !

Un peu de technique :
Si la démarche artistique du disque constitue pour moi une réussite, tant on sent la chanteuse investie dans son désir de faire passer l’émotion à l’auditeur, on ne pourra que regretter la production du précédent album à l’écoute de Tchamantché. Pourtant servi par une brillante équipe constituée de Phill Brown (et Patrick Jauneaud pour certaines voix) à l’enregistrement, du même Phill Brown au mixage et du grand Bob Ludwig (excellent sur le dernier Radiohead !) au mastering, Tchamantché déçoit un peu techniquement, notamment en ce qui concerne la mise en espace et le timbre des instruments. Constituées de lignes claires et épurées, les mélodies auraient mérité une meilleure lisibilité à travers une neutralité mieux maîtrisée sur l’ensemble du spectre. C’est particulièrement flagrant sur la voix de Rokia, affectée d’une bosse dans le haut médium qui pourra apparaître fatigante, voire franchement agaçante sur un système audio haut de gamme. La scène sonore manque un peu de profondeur et le bas du spectre d’aplomb, alors que la dynamique est gérée avec un conservatisme qui étonne de la part de ces pointures, pourtant capables du meilleur. Si l’aspect technique du disque n’a donc rien d’exceptionnel, l’album mérite toutefois d’être écouté pour le talent, indéniable, de son auteur-compositrice-interprète.

Rokia Traoré
Tchamantché
Chez Universal Music

Retrouvez cette découverte musicale et bien d'autres sur EcoutezVoir magazine : www.evmag.f


A découvrir aussi:

Le précédent album de Rokia Traoré: Bomboï, dont les qualités techniques méritent à elles seules, déjà, le détour !

T-Bone Burnett – Tooth of Crime

T-Bone Burnett – Tooth of Crime
Or The almost ordinary evening of a solitary critic,
by Christian Izorce
(English version of the paper posted on July 21st)

The other night, with Antoine – whom I warmly thank for having accomodated me on his blog -, I went for dinner at a another friend’s place. This guy is known for having recorded many jewels in today’s music (jazz, world, sophisticated singers, …) and owns a very impressive high-fidelity system. During the night, he made us hear two songs by T-Bone Burnett … of whom I had heard many times, without having the slightest knowledge of what he does (beyond the clever “Humans from earth” from Wender’s “Until the End of the World” soundtrack !).
I dare admit that, but with a kind of a pain in the chest.
Title of the album ? True-False Identity.

A real smash in the face ! Brilliant ! Huge ! (It means nothing but I only found this to say)
Bought as soon as heard ? Not quite, since on the day after, at my grocery store (although well-stocked), they no longer had it for sale. But they were solding the very last opus of the audacious bluesman, released last May. Waoow, recorded on NoneSuch Records ? That cannot be bad … Right in the shopping bag !

Once back home, I set myself in the right mood : Le Fil by Camille (and its final, half an hour long « Ooom », a mere marvel), then La Mort d’Orion by Gérard Manset (historically psychedelic), and then, T-Bone Burnett and its all-fresh Tooth of Crime.




‘Cause I have a hollow tooth.
The feast was not over.
Ten pieces of pure bravery.
I have to tell you …


1. This is a damn hammering rock’n’roll piece ! A syncopating jerk ! A pushing, trombone-fitted swing. And T-Bone himself seems to be giving everyone the push, too ! One can figure him self-satisfied, showing scornful lips and an arrogant posture. It is called Anything I can say can and will be used against you. And this is just self-explanatory.

2. A rolling balad for two, sung with innocently innocent voices. Say, with respect to the title, Dope Island, and the lyrics (We lived outside the law/we struck with wild desire/…/But now the night’s gone dead/The hours filled with dread). Rythmic foundations are abyssal and the sound, gorgeously cavernous. Despite the lyrics, this could be this summer’s slow dance prototype.
What ? … Errr ? … Have slow dances really disappeared in 1982 ?

3. The Slowdown. Come on ! A manner of McCartney song, fresh and dancey, but like thrown in a mincer : chopped up small with capers, a drop of Tabasco sauce well at the center … and, yes, a fried egg with a bleeding yoke on top of it ! Just a bit repetitive and enjoyable like a march of draft resisters.
4. Blind Man, to whom we hang, a superb and expressionist duet by singer Sam Philips and guitarist Marc Ribot. A genuine track from a mere song-writer, very static, but beautiful and moving. This guy has a deep heart, really !

5. Again ? A sort of McCartney patty, whith tons of almost infrasonic boom-booms, plus strings topped with maple syrup. And this is called Kill Zone. Heavens ! Dear, where are we, really ?

6. What is this now ? Is it the string due to hang us that we hear at the beginning ? Gee. Oh no, this is a guitar ! … As a fact, this is Rat Age, but nothing to see with oriental horoscope. The voice is from outer-sewer, guitar is sound but subterranean, percussion and metal tube noises displayed as a large rainbow scenery (over a dark sky, still). An anticipation song that will make you stay away from sci-fi for ever. It pushes, not at higher speeds, but with haughtiness and authority. I quote some lyrics (by courtesy of the Dean of the University for Necro-Futurology) : “I was conceived in a behaviour station/Light years from civilisation/…/As earthman battle for their skins/I come down with the aliens …/ we’ve broken the genetic code/ And left it bleeding by the road” …And I’ll let you discover the sequel and end. This is worth a scream of hatred yelled right at one’s face … the face of those who will buy this record, and who are already convinced. That’s true, but still, this is worth saying.

7. It crawls like a rattlesnake that would endlessely whisper « Swizzle stick, swizzle stick ». It squeaks, but here again it moves, like a rusted tune which squeals but goes forward. In the end, this is an ultra-binary thing, rythmically speaking, but it is … venomous and epide(r)mic.

8. Telepresence (Make the Metal Scream). Surprisingly quiet ! Well, quiet, apparently. Metalised and out-of-phase voice which wraps and leads in a threnody in minor and descending mode. Heartrending as “Heartbreak Hotel”, John Cale’s version of course. See what I mean ? Well, it’s even better, only worse.

9. Here Come the Philistines. A kind of a sitll denouncing anti-rap , build as a revanchist litany against today’s society … and its leaders. Spangled with bitter and sharp guitar riffs. What a treat !

10. Sweet Lulabby. Just a little sweet thing before going to sleep, in the shape of a gentle balad with antique instruments and oriental-like ornaments. The voice frightens a bit, still. Oh, so little.


The readers of Ecoutez-Voir, maybe scared now, will be relieved by learning that T-Bone Burnett has long been, with some other main characters of the world’s rock scene (Neil Young just to name one), reluctant to the rise of digital technologies in the field of audio engineering. He has long been advocating for taking the most “analog” precautions to capturing sound when recording an album. Hence, his records (at least the most recent ones) are produced and recorded with the highest quality standards, and they are worth listening to through a very good audio system. Full range and holographic reproduction are a must ! One will then enjoy the very accurate and pin-point sound imaging, which brings another level of understanding to the songs. And for even more fear, the bass response of the system has to be exemplary. If theses conditions are respected, the thrill is garanted.


Did you get it ? One refers to T- Bone Burnett as we speak of the likes of John Cale, Dylan, Zappa, Captain Beefheart, Tom Waits. And the missing Waren Zevon, too.
And rigth after that, observe silence.


And many thanks to Philippe, who gave me the first bite.


The other steps of the journey :

Camille – Le Fil

















Gérard Manset La Mort d’Orion

















Special note for our English speaking readers :

Camille is a very inventive young french singer who blends all sorts of vocal performances (from tibetan singing to gospel), often in a cappella titles. Her world is rich and very, very original. Her songs are generally highly delightful and relaxing too.

Gérard Manset has been in music for forty years and more. He is a sort of a hidden and desperate lonesome cowboy in the land of french singers. He never appears live, and his albums are exclusively and entirely manufactured by himself (from composition, play, to recording and mixing). La Mort d'Orion (1970) is a bewildering collage of pure cosmic inspiration. A jewel in a black velvet case.

lundi 21 juillet 2008

T-Bone Burnett - Tooth of Crime

T-Bone Burnett – Tooth of Crime
Ou Une soirée presque ordinaire de journaliste solitaire, par Christian Izorce.

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L’autre soir, avec Antoine - qu'au passage je remercie chaudement de m’avoir accueilli sur son blog -, je vais dîner chez un ami commun qui fait profession d’enregistrer de nombreux bijoux de l’actualité musicale (jazz, world, variété inspirée, …) et qui possède un très gros système haute-fidélité.
Ce dernier nous fait écouter deux morceaux de T-Bone Burnett … dont j’avais maintes fois entendu parler, mais dont je ne connaissais rien (à part l’excellent Humans from Earth de la BOF d’ «Until the End of the World» de Wenders). Je l’avoue sans vergogne, mais avec une petite boule dans la gorge tout de même.
Le titre de l'album ? True-False Identity.

La claque ! Génial ! Énorme ! (Ca ne veut rien dire mais je n’ai trouvé que ça)
Aussitôt entendu aussitôt acheté ? Et bien non, car le lendemain, chez mon épicier (pourtant bien approvisionné), ils ne l’avaient plus. Mais ils avaient le tout dernier opus, paru en Mai dernier, de cet audacieux bluesman. Tiens, gravé chez NoneSuch ? Ca ne peut point être mauvais … Et hop, dans le cabas !

Rentré chez moi, je me mets en condition : Le Fil de Camille (et son « Oooom » final d’une demi-heure, une merveille), puis La Mort d’Orion de Gérard Manset (historiquement psychédélique) et enfin, T-Bone Burnett et son tout récent Tooth of Crime.

Car j’ai une dent creuse.
Le festin n’était pas terminé.
Dix morceaux de pure bravoure.
Il faut que je vous raconte …

1. Il martèle, ce rock’n’roll ! Il syncope, ce jerk ! Il balance, ce swing à trombone ! Et le T-Bone, il a l’air de balancer tout le monde, aussi ! On l’imagine content de lui, lèvre dédaigneuse et basculé de tête arrogant. Ca s’appelle Anything I can say can and will be used against you. Et je crois que tout est dit.

2. Balade-duo chaloupée aux voix innocemment innocentes au regard du titre, Dope Island, et des paroles (We lived outside the law/we struck with wild desire/…/But now the night’s gone dead/The hours filled with dread). Fondations rythmiques abyssales et sonorités délicatement caverneuses.
N’étaient les lyrics, le prototype du slow de l’été.
- Hein ? … Ah bon ? … Ca n’existe plus depuis 1982 ?

3. The Slowdown. Tiens donc ? Une manière de McCartney frais et dansant, mais un peu passé à la machine à tartare : haché-menu-quelques-câpres-une-goutte-de-Tabasco-bien-au-centre … et, allez, un œuf à cheval jaune mollet posé dessus ! Un rien jouissivemment répétitif, comme une marche militaire d’objecteurs de conscience.

4. Blind man, auquel on se raccroche, superbe duo expressionniste de la chanteuse Sam Philips et du guitariste Marc Ribot. Une vraie chanson de song-writer (comme ça, j’évite en apparence toute répétition dans la même phrase), statique, belle et émouvante. Il a du cœur cet homme-là, quand même !

5. Re-tiens ! Une sorte de McCartney reconstitué, à grand renfort de jolis boum-boums très très graves et de cordes nappées de sirop d’érable. Et ça s’appelle Kill Zone. Mon Dieu, mais où sommes-nous donc, ma chère ?

6. Et ça, c’est la corde qui doit nous pendre qu’on entend au début ? Gloups. Ah non, c’est une guitare ! … Effectivement c’est Rat Age, mais rien à voir avec l’horoscope oriental. Voix d’outre-égout, guitare bien présente mais également souterraine, percussion et bruits de tuyaux déployés en grand arc-en-ciel sonore (ciel très couvert, toutefois). Une chanson d’anticipation qui va vous faire passer le goût de la science-fiction. Ca déménage, pas à grande vitesse, mais avec morgue et autorité. Je cite les paroles (avec l’aimable autorisation du doyen de la Faculté de Nécro-Futurologie) : "I was conceived in a behaviour station/Light years from civilisation/…/As earthman battle for their skins/I come down with the aliens/…/We’ve broken the genetic code/And left it bleeding by the road …". Et je vous laisse découvrir suite et fin. Ca vaut son pesant de cri de haine balancé à la face … des seulement quelques uns qui vont acheter ce disque, et qui, déjà, sont convaincus. C’est vrai mais, quand même, ça va encore mieux en le disant.

7. Ca rampe comme un serpent à sonnette qui susurrerait « Swizzle stick, swizzle stick » en permanence. Ca grince, mais là aussi, ça pousse, comme une rengaine rouillée qui couine mais qui roule. Finalement c’est ultra-binaire, je veux dire le rythme, mais c’est … venimeux … et épide(r)mique. Pour la petite histoire un swizzle stick c'est un agitateur (pour cocktails). Explosif, non ?

8. Telepresence (Make the metal scream). Étonnamment calme pour un titre ! … Enfin calme, en apparence. Voix métallisée déphasée, qui enveloppe et entraîne dans une mélopée en mode mineur et descendant. Déchirant comme un Heartbreak Hotel, façon John Cale bien entendu. Vous voyez ? Et bien, c’est encore mieux, mais en pire.

9. Here come the philistines. Sorte d’anti-rap à caractère néanmoins dénonciateur, construit comme une litanie revancharde sur la société d’aujourd’hui … et ses dirigeants. Parsemé de riffs amers et tranchants. Un régal !

10. Sweet Lulabby. Et pour finir, une petite douceur pour la nuit en forme de gentille balade avec instruments anciens et accents orientaux. La voix inquiète un peu, tout de même. Oh, si peu.

Le lecteur dEcoutez-Voir sera soulagé d’apprendre que T-Bone Burnett, à l’instar de quelques autres personnages du rock mondial tels que Neil Young, a plutôt vu d’un mauvais œil l’arrivée des technologies numériques dans l’audio, et prône depuis de longues années l’application de précautions toutes analogiques à l’enregistrement d’un album. Ses disques (les récents, au moins) sont donc d’une très haute qualité de production et d’enregistrement, mais dont on ne profitera pleinement qu’avec un très bon système hyper-résolu. L’écoute avec un matériel « full range » et apte à reproduire un espace tri-dimensionnel très aéré s’impose ! On appréciera alors le positionnement précis et détouré des éléments de la scène sonore, ce qui en l’occurrence apporte une dimension supplémentaire de compréhension des morceaux. Et pour se faire un peu plus peur encore, il convient d'écouter ce disque sur un système descendant très bas et très fermement dans le grave. Si ces conditions sont réunies, le frisson est garantit.

Bon, vous avez compris ? On parle de T-Bone Burnett comme on parle de mecs de la trempe de John Cale donc, de Dylan, Zappa, Captain Beefheart, Tom Waits. Et du regretté Waren Zevon, aussi.
Rien que ça ?
Oui. Et juste après on fait silence.


Et un grand merci à Philippe, grâce à qui j’ai bien entamé le T-Bone.

Les autres étapes du parcours :

Camille – Le Fil













Gérard Manset – La Mort d’Orion

vendredi 11 juillet 2008

Enghien Jazz Festival 2008: Une grande année pour les oreilles et les yeux !

Reportage photographique réalisé par Antoine Gresland et Christian Izorce du 2 au 6 juillet 2008.



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Pour la neuvième édition de son Festival de jazz, la ville d’Enghien et le groupe des casinos Lucien Barrière avaient bien fait les choses. Sa directrice artistique, Blandine Harmelin, a voulu, comme à l’habitude, remettre le jazz vocal à l’honneur, et c’est bien ce qui fût fait à travers un bouquet impressionnant de voix féminines et masculines.

Cette année plus encore que les précédentes, le Festival proposait un large éventail de musiques et d’artistes venus des quatre coins de la planète pour bercer les oreilles des auditeurs. Avec 250 artistes répartis sur cinq scènes, des concerts gratuits et des têtes d’affiche prestigieuses, nous nous sommes régalés au cours de cinq jours et cinq nuits de musique non-stop, organisés de main de maître par de vrais amateurs de jazz.

Évidemment, avec une telle abondance, il était impossible de tout voir et de tout entendre, mais nous avons tout de même pris le temps de nous promener dans les rues de la ville thermale pour picorer ça et là quelques-uns des 30 concerts « off » proposés en marge des soirées prestigieuses du Casino, sous un ciel parfois changeant, mais toujours dans la bonne humeur.

Le soir, la grande salle du casino d’Enghien recevait une première partie en forme de découverte, suivie d’artistes de notoriété internationale qui pouvaient s’exprimer dans des conditions remarquables, grâce aux efforts émérites d’une équipe technique très compétente.
C’est donc le jazz vocal féminin qui était à l’honneur des débuts de soirée du casino. Au milieu de ces performances de haut niveau, nous retiendrons d’abord Annabelle Askinn, une jeune femme d’à peine 20 ans qui a su toucher le cœur des spectateurs par la richesse de sa voix et son implication totale dans la musique. Accompagnée de deux violonistes (Olivier Leclerc et Frédéric Ammann, complices et talentueux), du guitariste Didier Bégon et du contrebassiste Grégoire Dubruel, elle réussissait sans mal à envoûter son auditoire avec une maturité étonnante pour son âge. On retiendra notamment deux reprises qu’il fallait avoir le courage d’entonner à la suite de leurs précédents interprètes : l’« Alleluia » de Léonard Cohen, façon Jeff Buckley, et une version particulièrement inspirée d’« Angie » des Rolling Stones. Gageons que cette jeune femme au visage d’ange trouvera bientôt un producteur qui l’aidera à se faire connaître du grand public. Devant un tel talent, les chanteurs de la Star Ac’ n’ont plus qu’à retourner à leurs chères études…

Annabelle Askinn ou la preuve que le talent n'attend pas le nombre des années !


Dans un style totalement différent, nous sommes également tombés sous le charme de Shanna Waterstown, une chanteuse américaine venue du gospel, bercée par la Motown et les negro spirituals, et qui développait un répertoire centré sur le blues et la soul autour de son premier album Inside My Blues, dont nous aurons bientôt l’occasion de vous reparler. Dotée d’une voix puissante et pénétrante, d’un physique de déesse et d’un charme naturel confondant, elle réussissait à retenir l’attention d’une salle venue écouter Buddy Guy, grâce à une performance de haute volée qui ne laissa personne indifférent. Une future (déjà) grande que nous suivrons de très près dans les mois et les années à venir.

http://www.blogger.com/www.shannawaterstown.com

http://www.blogger.com/www.myspace.com/shannaterstow


Quant à l’affiche principale de cette neuvième édition, elle avait fière allure et réservait quelques très beaux moments de musique à travers la présence d’artistes de classe internationale.

John McLaughlin, impressionnant techniquement, profite d'une relation privilégiée avec ses compagnons pour développer une musique inventive. À réserver aux initiés !

Jeudi 3 juillet, John McLaughlin nous propulsait dans sa quatrième dimension avec un groupe de superhéros musiciens tutoyant les frontières du jazz et du rock, comme à la belle époque du Mahavishnu Orchestra. Si le guitariste britannique n’a rien perdu de son exceptionnelle virtuosité technique, il pouvait compter sur le batteur Mark Mondesir, explosant littéralement d’énergie pure, le clavier (et batteur à ses heures) Gary Husband et l’incroyable bassiste français Dominique Di Piazza, pour développer une sophistication formelle de tous les instants pendant près de deux heures. Un concert en forme de coup de poing dont on retiendra notamment le duo entre Mark Mondesir et Gary Husband (impressionnant derrière ses percussions), les solos inspirés et modulés de Dominique Di Piazza et la bonne humeur communicative de John McLaughlin qui n’hésitait pas à sortir du cadre pour subjuguer le public à coups de riffs tendus et de mélodies audacieuses.




Dominique Di Piazza ne s'est pas ménagé pour être à la hauteur du maître !

















Mark Mondesir, petit par la taille, immense par le talent !




Gary Husband, inventif aux claviers et totalement déjanté aux percussions ! Un vrai bonheur quand il s'agit de répondre aux prouesses de Mark Mondesir.
















http://www.blogger.com/www.johnmclaughlin.com

http://www.blogger.com/www.myspace.com/johnmclaughlinofficial






Vendredi 4 juillet, c’était au tour de Buddy Guy d’entrer en scène pour faire découvrir à celles et ceux qui ne le connaissaient pas encore le son de Chicago et du blues électrique qui fit la renommée de la ville au début des années 60. Inspiré à ses débuts par le grand Muddy Waters, ce jeune homme de 72 ans n’a rien perdu de cette facilité guitaristique virevoltante qui fit de lui un musicien de studio très demandé avant que ne démarre sa carrière en solo. Au cours d’une heure et demie (et pas une minute de plus, malheureusement !) de musique inventive et délurée, n’hésitant pas à investir la salle, à monter au balcon ou à s’asseoir à côté des spectateurs, il délivrait une performance en tout point fidèle à sa légende et mettait tout le monde debout. Avec sa voix rocailleuse et cette aisance qui n’appartiennent qu’aux grands showmen américains, il démontrait une fois de plus la richesse d’un blues lourd et puissant, soutenu par des musiciens de très grande classe. On retiendra de cette performance l’autre guitariste du groupe, Ric Hall, qui affichait sans forcer un talent digne de son maître, le bassiste Orlando Wright pour son jeu tout en nuances (pas facile derrière de tels monstres de se faire entendre !) et la frappe légère et rapide du batteur Tim Austin contrastant avec son physique de catcheur. Un petit clin d’œil aussi au clavier Marty Sammon, dont la gentillesse et la disponibilité ont su conquérir les faveurs d’un photographe limité par le temps…
Nous reviendrons très bientôt en détail sur la carrière de ce grand artiste à l’occasion de la sortie de son nouvel album.

















Buddy Guy dans tous ses états confirme qu'il reste l'un des plus grands guitaristes de blues de la planète... Et quelle voix !




http://www.blogger.com/www.buddyguy.net

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Al Jarreau ou le plaisir de chanter fait homme ! Un bonheur qu'il sait partager avec le public...


Dernier coup de cœur de l’équipe d’Écoutez voir : Al Jarreau faisant vibrer la salle du casino, Samedi 5 Juillet, de cette voix inimitable qui lui a valu d’être récompensé au cours de sa longue carrière de cinq Grammy Awards dans trois catégories différentes (jazz, pop et R&B). Éclectique et séduisant, virevoltant sur scène, captivant l’auditoire de sa voix modulée et de ses longues mains fines aux mouvements élégants, Al Jarreau nous a donné tout ce qu’il avait sur lui ce soir-là. Un personnage émouvant et sensible, doté d’un groove ahurissant, tant il excelle à poser sa voix avec intelligence et sensibilité sur les mélodies d’un groupe de musiciens confirmés, entièrement dédiés à sa cause. Autour de Joe Turano, claviers, saxophoniste et directeur musical de la formation, on retrouvait Mark Simmons à la batterie, le très bon guitariste John Calderon, Stan Sargeant à la basse, Larry Williams aux claviers et la brillante et séduisante Debbie Davis, dont les vocalises venaient discrètement soutenir le talent d’Al Jarreau. Une très belle soirée, marquée par un artiste de 68 ans qui n’a rien perdu de sa fraîcheur ni de sa générosité.



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Toujours charmeur, le vieux lion n'a pas dit son dernier mot !


Au final, cette neuvième édition du Festival d’Enghien-les-Bains a largement répondu aux attentes des amateurs de musique, venus nombreux dans cette petite ville d’eau située à une quinzaine de kilomètres de Paris pour écouter du jazz dans les meilleures conditions. En programmant de jeunes artistes talentueux dans la ville et sur la scène du casino (sans même évoquer le Jazz Club en fin de soirée où nous avons siroté avec plaisir quelques coupes de champagne), il a joué son rôle de révélateur, au service de tous les jazz, sans concession ni compromis. Avec des têtes d’affiche prestigieuses, des styles aussi différents que ceux de Térez Montcalm et de Madeleine Peyroux, de Buddy Guy ou de John McLaughlin, sa remarquable organisation et sa régie technique parfaite, Enghien vient encore de consolider sa réputation, pour rejoindre celles de manifestations prestigieuses telles que Montreux, qui nous font rêver depuis notre adolescence.

Nous ne manquerons pas d'y revenir l’été prochain pour une dixième édition qui s’annonce déjà sous les meilleurs auspices.

Nous tenons à féliciter toute l'équipe du Festival et à remercier tout particulièrement Blandine Harmelin, sa directrice, ainsi que Karl Salmon-Foucher, son attaché de presse, qui ont tout mis en œuvre avec une rare gentillesse pour nous recevoir dans les meilleures conditions possibles.