vendredi 11 juillet 2008

Enghien Jazz Festival 2008: Une grande année pour les oreilles et les yeux !

Reportage photographique réalisé par Antoine Gresland et Christian Izorce du 2 au 6 juillet 2008.



Retrouvez ce reportage musicale et bien d'autres sur EcoutezVoir magazine : www.evmag.f


Pour la neuvième édition de son Festival de jazz, la ville d’Enghien et le groupe des casinos Lucien Barrière avaient bien fait les choses. Sa directrice artistique, Blandine Harmelin, a voulu, comme à l’habitude, remettre le jazz vocal à l’honneur, et c’est bien ce qui fût fait à travers un bouquet impressionnant de voix féminines et masculines.

Cette année plus encore que les précédentes, le Festival proposait un large éventail de musiques et d’artistes venus des quatre coins de la planète pour bercer les oreilles des auditeurs. Avec 250 artistes répartis sur cinq scènes, des concerts gratuits et des têtes d’affiche prestigieuses, nous nous sommes régalés au cours de cinq jours et cinq nuits de musique non-stop, organisés de main de maître par de vrais amateurs de jazz.

Évidemment, avec une telle abondance, il était impossible de tout voir et de tout entendre, mais nous avons tout de même pris le temps de nous promener dans les rues de la ville thermale pour picorer ça et là quelques-uns des 30 concerts « off » proposés en marge des soirées prestigieuses du Casino, sous un ciel parfois changeant, mais toujours dans la bonne humeur.

Le soir, la grande salle du casino d’Enghien recevait une première partie en forme de découverte, suivie d’artistes de notoriété internationale qui pouvaient s’exprimer dans des conditions remarquables, grâce aux efforts émérites d’une équipe technique très compétente.
C’est donc le jazz vocal féminin qui était à l’honneur des débuts de soirée du casino. Au milieu de ces performances de haut niveau, nous retiendrons d’abord Annabelle Askinn, une jeune femme d’à peine 20 ans qui a su toucher le cœur des spectateurs par la richesse de sa voix et son implication totale dans la musique. Accompagnée de deux violonistes (Olivier Leclerc et Frédéric Ammann, complices et talentueux), du guitariste Didier Bégon et du contrebassiste Grégoire Dubruel, elle réussissait sans mal à envoûter son auditoire avec une maturité étonnante pour son âge. On retiendra notamment deux reprises qu’il fallait avoir le courage d’entonner à la suite de leurs précédents interprètes : l’« Alleluia » de Léonard Cohen, façon Jeff Buckley, et une version particulièrement inspirée d’« Angie » des Rolling Stones. Gageons que cette jeune femme au visage d’ange trouvera bientôt un producteur qui l’aidera à se faire connaître du grand public. Devant un tel talent, les chanteurs de la Star Ac’ n’ont plus qu’à retourner à leurs chères études…

Annabelle Askinn ou la preuve que le talent n'attend pas le nombre des années !


Dans un style totalement différent, nous sommes également tombés sous le charme de Shanna Waterstown, une chanteuse américaine venue du gospel, bercée par la Motown et les negro spirituals, et qui développait un répertoire centré sur le blues et la soul autour de son premier album Inside My Blues, dont nous aurons bientôt l’occasion de vous reparler. Dotée d’une voix puissante et pénétrante, d’un physique de déesse et d’un charme naturel confondant, elle réussissait à retenir l’attention d’une salle venue écouter Buddy Guy, grâce à une performance de haute volée qui ne laissa personne indifférent. Une future (déjà) grande que nous suivrons de très près dans les mois et les années à venir.

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Quant à l’affiche principale de cette neuvième édition, elle avait fière allure et réservait quelques très beaux moments de musique à travers la présence d’artistes de classe internationale.

John McLaughlin, impressionnant techniquement, profite d'une relation privilégiée avec ses compagnons pour développer une musique inventive. À réserver aux initiés !

Jeudi 3 juillet, John McLaughlin nous propulsait dans sa quatrième dimension avec un groupe de superhéros musiciens tutoyant les frontières du jazz et du rock, comme à la belle époque du Mahavishnu Orchestra. Si le guitariste britannique n’a rien perdu de son exceptionnelle virtuosité technique, il pouvait compter sur le batteur Mark Mondesir, explosant littéralement d’énergie pure, le clavier (et batteur à ses heures) Gary Husband et l’incroyable bassiste français Dominique Di Piazza, pour développer une sophistication formelle de tous les instants pendant près de deux heures. Un concert en forme de coup de poing dont on retiendra notamment le duo entre Mark Mondesir et Gary Husband (impressionnant derrière ses percussions), les solos inspirés et modulés de Dominique Di Piazza et la bonne humeur communicative de John McLaughlin qui n’hésitait pas à sortir du cadre pour subjuguer le public à coups de riffs tendus et de mélodies audacieuses.




Dominique Di Piazza ne s'est pas ménagé pour être à la hauteur du maître !

















Mark Mondesir, petit par la taille, immense par le talent !




Gary Husband, inventif aux claviers et totalement déjanté aux percussions ! Un vrai bonheur quand il s'agit de répondre aux prouesses de Mark Mondesir.
















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Vendredi 4 juillet, c’était au tour de Buddy Guy d’entrer en scène pour faire découvrir à celles et ceux qui ne le connaissaient pas encore le son de Chicago et du blues électrique qui fit la renommée de la ville au début des années 60. Inspiré à ses débuts par le grand Muddy Waters, ce jeune homme de 72 ans n’a rien perdu de cette facilité guitaristique virevoltante qui fit de lui un musicien de studio très demandé avant que ne démarre sa carrière en solo. Au cours d’une heure et demie (et pas une minute de plus, malheureusement !) de musique inventive et délurée, n’hésitant pas à investir la salle, à monter au balcon ou à s’asseoir à côté des spectateurs, il délivrait une performance en tout point fidèle à sa légende et mettait tout le monde debout. Avec sa voix rocailleuse et cette aisance qui n’appartiennent qu’aux grands showmen américains, il démontrait une fois de plus la richesse d’un blues lourd et puissant, soutenu par des musiciens de très grande classe. On retiendra de cette performance l’autre guitariste du groupe, Ric Hall, qui affichait sans forcer un talent digne de son maître, le bassiste Orlando Wright pour son jeu tout en nuances (pas facile derrière de tels monstres de se faire entendre !) et la frappe légère et rapide du batteur Tim Austin contrastant avec son physique de catcheur. Un petit clin d’œil aussi au clavier Marty Sammon, dont la gentillesse et la disponibilité ont su conquérir les faveurs d’un photographe limité par le temps…
Nous reviendrons très bientôt en détail sur la carrière de ce grand artiste à l’occasion de la sortie de son nouvel album.

















Buddy Guy dans tous ses états confirme qu'il reste l'un des plus grands guitaristes de blues de la planète... Et quelle voix !




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Al Jarreau ou le plaisir de chanter fait homme ! Un bonheur qu'il sait partager avec le public...


Dernier coup de cœur de l’équipe d’Écoutez voir : Al Jarreau faisant vibrer la salle du casino, Samedi 5 Juillet, de cette voix inimitable qui lui a valu d’être récompensé au cours de sa longue carrière de cinq Grammy Awards dans trois catégories différentes (jazz, pop et R&B). Éclectique et séduisant, virevoltant sur scène, captivant l’auditoire de sa voix modulée et de ses longues mains fines aux mouvements élégants, Al Jarreau nous a donné tout ce qu’il avait sur lui ce soir-là. Un personnage émouvant et sensible, doté d’un groove ahurissant, tant il excelle à poser sa voix avec intelligence et sensibilité sur les mélodies d’un groupe de musiciens confirmés, entièrement dédiés à sa cause. Autour de Joe Turano, claviers, saxophoniste et directeur musical de la formation, on retrouvait Mark Simmons à la batterie, le très bon guitariste John Calderon, Stan Sargeant à la basse, Larry Williams aux claviers et la brillante et séduisante Debbie Davis, dont les vocalises venaient discrètement soutenir le talent d’Al Jarreau. Une très belle soirée, marquée par un artiste de 68 ans qui n’a rien perdu de sa fraîcheur ni de sa générosité.



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Toujours charmeur, le vieux lion n'a pas dit son dernier mot !


Au final, cette neuvième édition du Festival d’Enghien-les-Bains a largement répondu aux attentes des amateurs de musique, venus nombreux dans cette petite ville d’eau située à une quinzaine de kilomètres de Paris pour écouter du jazz dans les meilleures conditions. En programmant de jeunes artistes talentueux dans la ville et sur la scène du casino (sans même évoquer le Jazz Club en fin de soirée où nous avons siroté avec plaisir quelques coupes de champagne), il a joué son rôle de révélateur, au service de tous les jazz, sans concession ni compromis. Avec des têtes d’affiche prestigieuses, des styles aussi différents que ceux de Térez Montcalm et de Madeleine Peyroux, de Buddy Guy ou de John McLaughlin, sa remarquable organisation et sa régie technique parfaite, Enghien vient encore de consolider sa réputation, pour rejoindre celles de manifestations prestigieuses telles que Montreux, qui nous font rêver depuis notre adolescence.

Nous ne manquerons pas d'y revenir l’été prochain pour une dixième édition qui s’annonce déjà sous les meilleurs auspices.

Nous tenons à féliciter toute l'équipe du Festival et à remercier tout particulièrement Blandine Harmelin, sa directrice, ainsi que Karl Salmon-Foucher, son attaché de presse, qui ont tout mis en œuvre avec une rare gentillesse pour nous recevoir dans les meilleures conditions possibles.

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