dimanche 6 janvier 2008

Radiohead: In Rainbows


Je suis un fan de Radiohead de la première heure. Ce mélange inventif, unique, puissant et mélancolique, à la fois sombre et lucide, de pop et d’électro m’a toujours fait vibrer jusqu’au bout des oreilles. C’est donc avec intérêt et un certain amusement, que j’ai observé la sortie de leur dernier album In Rainbows sur Internet, le 10 octobre 2007. Séparé de sa maison de disque EMI depuis 2006, le groupe proposait alors son album en téléchargement « payant »…au prix décidé par le consommateur. Une manière unique et originale de s’instituer producteur à travers laquelle le groupe espérait éviter, au moins en partie, les téléchargements illégaux tout en incitant ses fans à venir les découvrir en concerts, dont le groupe tire aujourd’hui la plus grande part de ses revenus.
Comme on pouvait s’en douter, de nombreux internautes ont téléchargés l’album gratuitement en MP3, ce qui en dit long sur le comportement de certains consommateurs et le peu de considération qu’ils accordent à la valeur artistique d’une œuvre. À leur décharge, il faut avouer que le téléchargement de fichiers de piètre qualité sonore, délivrés sans illustration, livret ou commentaire ne présente pas un intérêt particulier pour un vrai amateur de musique dont le plaisir réside dans la découverte d’un album dans les meilleures conditions possibles. Personnellement, j’aurais apprécié de pouvoir télécharger le disque en qualité CD, voir en haute définition, et j’aurais dès lors trouvé normal de payer pour cela un prix décent, fixé à l’avance. Pour être tout à fait honnête, le site de Radiohead proposait bien aux plus exigeants le « discbox » : un système de pré commande comprenant un téléchargement de l’album en MP3 et, dans un deuxième temps, un coffret contenant l’album en CD et en double disques vinyles, un deuxième CD comprenant 8 morceaux inédits ainsi qu’un livre sur le groupe, mais là, il fallait carrément débourser 40 Euros !

Pourtant ma première appréciation de la situation semble aujourd’hui battue en brèche par les informations qui circulent sur Internet. Le groupe n’a pas souhaité communiquer clairement sur les résultats de ce marketing particulièrement audacieux, mais il se murmure que l’album se serait tout de même vendu à 1,2 millions d’exemplaires en MP3 à un prix moyen de 7,5 Euros. Voilà qui prouve en tout cas que les fans de Radiohead ne sont pas des ingrats et que leur impatience à découvrir In Rainbows valait bien le sacrifice de la qualité, quitte à racheter le CD dans un deuxième temps.

Le CD, je l’ai dans les mains depuis hier soir. Il s’agit en fait d’un Kit qui comprends une pochette en carton dans laquelle on trouve le disque dans un étuis, un livret pour le moins succinct et deux autocollants reconstituant la jacket ( face et arrière) d’un CD en boitier cristal. Pourquoi pas. J’aurais tout de même apprécié un livret un peu plus explicite et complet, mais à 14,90 Euros chez Virgine en prix nouveauté, c’est déjà ça.

Et la musique dans tout cela ? In Rainbows est un excellent album de Pop, beaucoup plus facile d’accès que Hail to the Thief ou Kid A, tout en restant suffisamment différent et original pour demander plusieurs écoutes avant de s’offrir tout à fait à son auditoire. On y retrouve ce mélange unique d’enthousiasme et de mélancolie, de morceaux électro-pop déjantés et pêchus tel que « 15 Step » et de balades redoutables d’efficacité telle que « videotape », portée par le piano et la voix unique de Tom York. D’une manière générale, In Rainbows fait d’ailleurs beaucoup moins appel aux programmations sauvages que ses prédécesseurs pour revenir au basics efficaces de la pop, batterie et guitare en tête. Et s’il reste sombre comme il se doit pour un album de Radiohead, il s’affirme plus lumineux que Hail to the Thief sans pour autant tomber dans le pathos, je vous rassure !
Au final, In Rainbows est donc un disque réussi, même si avec moins de 43 minutes en tout, il laisse un peu sur sa faim le fan que je suis. On devine facilement en le réécoutant la latitude que s’est laissé le groupe pour le réinventer en scène et j’attends avec impatience le « Live » qui devrait en être déduit un jour. Mais au moment de conclure, je ne peux pas m’empêcher d’évoquer le dernier album solo de Thom York, The Eraser, sorti voici quelques mois et qui me semble aller plus loin dans tous les domaines.

Avec 41 petites minutes, il est pourtant plus court encore que In Rainbows, mais il s’agit d’un véritable petit chef d’œuvre musicale que j’ai bien dû écouter une cinquantaine de fois depuis que je l’ai acheté. A la fois plus sombre et porteur d’espoir, superbement produit, bourré de programmations ravageuses et d’orchestrations inventives et touchantes, il me semble plus abouti et plus profondément encré dans la musique que In Rainbows et en ce sens, devrait mieux résister au temps que ce dernier.
Si vous aimez la voix de Thom York et si vous aimez Radiohead, The Eraser est donc tout à fait indispensable à votre discothèque et, ne serait ce que pour « Analyse », une merveille que je place parmi les quatre ou cinq plus beaux morceaux de l'année 2007, un album intrinsèquement plus fort que celui du groupe…


Radiohead
In Rainbows
Auto produit

Thom York
The Eraser
Auto produit

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