mardi 29 janvier 2008

Marcel Kanche: Vertiges des lenteurs


Le dernier album de Marcel Kanche, vertiges des lenteurs , n’est pas à proprement parler une nouveauté, puisqu’il est sorti en 2005, mais j’éprouve le besoin urgent de vous en parler avant qu’il ne disparaisse, peut-être définitivement, des bacs des disquaires. Marcel Kanche fait partie de ces rares poètes français, auteur, compositeur et interprète, qui ne cherche pas à plaire à tout le monde mais à développer son univers au rythme de son inspiration. Si vous cherchez une musique réjouissante et sautillante pour faire la fête entre amis, choisissez autre chose ! Car l’homme est ombrageux et son œuvre, pour tout dire, délicieusement sombre, extra lucide et romantique, marquée comme au fer rouge par une sensibilité à fleur de peau, portée par une voix granuleuse et fêlée, parfois à la limite de la rupture dans sa fragilité non feinte.
Vertiges des lenteurs est donc un album qui touche au cœur ou ne touche pas. Et s’il entraîne parfois à la mélancolie, fleuretant même avec le désespoir quand il entonne « rien ne sera comme avant » ou « Elle t’alite », c’est pour nous entraîner dans un univers ou les mots, sculptés comme une matière rythmique et sonore, éveillent les sens et l’essence même du poète.
Pour donner vie à ses vertiges, ce marginal atypique de la chanson française s’est donné le temps de composer des mélodies ciselées et souvent sensuelles, dans lesquelles le silence a sa place au même titre que les expériences qui constituent le travail de sa vie. Fleuretant sur les concepts, à la lumière des « lucioles oscillantes », il a su s’entourer de musiciens de grands talents, amis et amies de tous horizons pour l’accompagner dans ce long voyage au limite de l’âme humaine. Milo Malan à la batterie, Nicolas Pabiot au piano, à l’orgue et à l’harmonium et Marcel Kanche à la guitare et à la mandoline constitue une base inventive que vient enrichir, par petite touche, la présence du guitariste John Greaves, le violoncelle magique de Vincent Segal ou l’harmonica de Pierce Faccini, pour ne citer que quelques uns des protagonistes de ce disque résolument différent.

Il faut dire encore que Vertiges des lenteurs profite aussi du magnifique travail de réalisation de Philippe Teissier du Cros qui signe ici une mise en forme particulièrement impressionnante, à la fois épurée et complexe, qui magnifie encore la musique de Marcel Kanche. Dopé par un enregistrement naturel qui laisse tout entendre, un grave redoutable d’efficacité et de définition et une image sonore bluffante, cet album est un vrai bonheur pour libérer le potentiel d’un système hifi de haut de gamme. Une raison de plus d’acheter ce disque que sa faible diffusion devrait bientôt rendre difficile à trouver.

Marcel Kanche
Vertige des lenteurs
Edité au Label Bleu

1 commentaire:

Dionys a dit…

Bonjour,
Je partage votre engouement pour Marcel Kanche, que je découvre tardivement, programmé sur la radio où je produis une émission consacré aux musiques singulières. Je tiens aussi un blog à l'adresse suivante :
http://inactuelles.over-blog.com
Beaucoup de musiques contemporaines, électroniques, mais aussi quelques coups de coeur pour des chanteurs français. N'hésitez pas à me contacter par mon blog ou à l'adresse suivante : inactuelles-dionys@orange.fr
J'aime bien le style de Blogger, que je ne connaissais pas lorsque j'ai créé mon blog.
Au plaisir,
Dionys