jeudi 10 janvier 2008

Ma vérité sur l'iPhone



J’en entends d’ici ! C’est indigne d’un audiophile qui se respecte… Comment un mélomane peut-il craquer pour ce gadget ?
Mais franchement, l’avez-vous déjà touché et utiliser ? Avez-vous déjà eu son écran de 320 x 480 pixels hyper lumineux devant les yeux ?

Je ne vais pas vous refaire le compliment sur cette petite machine de 11,6 mm d’épaisseur à l’interface utilisateur révolutionnaire, mais je dois dire que je suis tombé amoureux de ce bel objet bien dans l’air du temps. Comme tout amateur de musique, j’aime à être accompagné de quelques bons albums pour faire passer le temps dans les trains et les avions, patienter dans les salles d’attente et me balader dans Paris. Si mon vecteur musical peut aussi être mon téléphone, un vrai navigateur Internet, récupérer mes mails et stocker quelques photos, pourquoi pas ?
Je ne rentrerais pas dans le débat qui oppose les partisans du Mac et du PC, des smart phones branchés qui savent, parait-il, tout faire mieux que l’iPhone et pour moins cher, pour me contenter d’une revue objective des deux fonctions de l’appareil qui m’intéressent en priorité : la fonction baladeur audio et l’appareil/visionneuse de photo.
Ce n’est pas parce que je pars en vadrouille que je néglige la qualité musicale. Et dans ce domaine, les iPods avec lesquels j’ai pris plaisir à vivre se sont révélés beaucoup plus convaincants que les autres baladeurs numériques que j’ai eu l’occasion d’écouter. Pendant longtemps, les casques livrés d’origine avec les iPods étaient de qualité très quelconque et je leur préfèrerais mon Sennheiser PX200 qui m’a servi fidèlement ces trois dernières années. Mais le casque livré avec mon iPhone, et qui comprend pourtant aussi un dispositif « main libre » pour le téléphone, me paraît désormais tout à fait convenable et même assez équilibré, sans pour autant rejoindre les performances des modèles intra auriculaire de haut de gamme tel que le Shure SE530 mais dont le prix ( plus de 400 euros tout de même, c’est à dire le prix de l’iPhone !) et le confort laisse à désirer. Je vais m’attacher à trouver un meilleur compromis et je vous en reparlerais ultérieurement.
Si je vous parle de casque, c’est parce que la fiche mini Jack qui y est attachée ne pénètre pas toujours dans la prise femelle de l’iPhone, profondément encastrée dans le boîtier. C’est plus irritant que vraiment insoluble, une fois qu’on y a enfiché le petit adaptateur Belkin proposé un peu partout, sur le net comme dans les magasins, pour quelques euros.

Pour le reste, le baladeur d’Apple est un vrai bonheur à utiliser. L’interface utilisateur est tout simplement somptueuse, amusante et tellement ergonomique ! On y retrouve l’organisation d’itune et même « Cover Flow » qui permet de feuilleter les couvertures de ses albums en basculant l’iPhone à l’horizontal. Il suffit de toucher l’une d’entre elles pour qu’elle vous révèle les titres de l’album et une pichenette plus tard, le son parvient à vos oreilles.

Afin de comparaison, j’en ai profité pour me confectionner des listes de lecture comprenant le même morceau encodé en MP3 192 kbps, en AAC 256 kbps, en Apple Lossless et en Wave. Rappelons au passage ce que désignent ces acronymes barbares et les caractéristiques du signal audio qui se cachent derrière.
- MP3 est l’abréviation de MPEG Audio Layer 3 ( MPEG étant à son tour l’abréviation de « Moving Picture Experts Groupe » du nom du groupe d’experts qui définit les standards de compression de l’industrie Audio Visuel). Concrètement, il s’agit d’un algorithme de compression audio qui diminue drastiquement la quantité de données qui constitue le signal audio à travers des technologies de codage enthropique et de filtres psycho-acoustique sensé limiter la perte de qualité sonore du signal original. Il en existe plusieurs versions définies par le débit d’information souhaité et la compression qui en résulte.
- AAC est l’abréviation d’Advanced Audio Coding et désigne un autre algorithme de compression avec perte de données ayant pour but d’offrir un meilleur compromis entre qualité et compression que le MP3. Il a été notamment choisi par Apple et Real Networks pour promouvoir la qualité sonore de diffusion musicale.
- L’Apple Lossless est un format d’encodage sans perte développée par Apple pour tirer profit d’itunes et de l’augmentation de capacité mémoire des nouvelles générations d’iPod. L’Apple Lossless réduit la taille d’un fichier Audio de 40 à 50 % sans aucune perte de qualité du signal.
- Le WAVE ( pour WAVEform audio format) est un standard de stockage digital en provenance de Microsoft et IBM. Il ne s’agit pas d’un format d’encodage ou de compression mais bien d’un type de fichier ou « contenant » qui permet à l’ordinateur d’organiser des données audio. Son pendant chez Macintosh s’appelle AIFF et je l’utilise pour stocker les donnés non compressé rigoureusement identique à celle du morceau original ( en l’occurrence le signal PCM 16 bits / 44,1 kHz que l’on trouve sur un CD).

La capacité de stockage de mon iPhone est limitée à 8 Giga, ce qui rendrait tentant l’utilisation d’un système de compression MP3 ou AAC afin de se constituer une discothèque de taille convenable. N’en faites rien, car la différence de qualité entre un même morceau encodé en MP3 ou en AAC et en Apple Lossless ( c’est à dire sans perte) est considérable et parfaitement audible aux oreilles de celles et ceux qui apprécient la qualité musicale. La première chose qui frappe l’auditeur à l’écoute du MP3, c’est une simplification du message qui donne l’impression d'être en présence de faux instruments. En essayant d’analyser cette sensation à travers une comparaison directe avec l’original, on perçoit immédiatement le manque d’information aux deux extrémités du spectre. Le grave a perdu de sa tension et de son extension, il est souvent brouillon et peu expressif, ce qui donne l’impression que la musique classique et le jazz manque d’assise et de densité. La disparition des aigus est tout aussi perturbante, car elle prive le cerveau de ces petites réverbérations, artificielles ou pas, qui donnent du corps aux instruments et de l’espace autour d’eux. Pourtant, le MP3 comme son concurrent AAC a fait de gros progrès ces dernières années, et il faut reconnaître que la dynamique subjective suffira largement à reproduire le message ( déjà très compressé au mixage) que l’on trouve trop souvent aujourd’hui sur les disques de R&B et de variété en général. Mais ne leur demandez pas de reproduire harmonieusement le double concerto pour violon de Bach ou la Traviata, les timbres du piano de Keith Jarrett ou la ligne de basse de Richard Bona: ils n’ont pas été conçus pour ça.
Il serrait pourtant dommage de s’arrêter à ce constat, car l’iPhone gavé de musique non-compressé m’a très favorablement impressionné ! Première bonne nouvelle: la différence entre un morceau en Apple Lossless et en WAVE est inaudible. Nous venons de gagner 50% de place dans la mémoire ! Armé d’un bon casque ( je me suis même amusé à lui connecter un casque professionnel Sennheiser HD600), l'iphone délivre une qualité sonore supérieur à celle des baladeurs CD même les plus sophistiqués, grâce notamment à sa puce de conversion Wolfson, un fondeur de composants dont le nom n’est pas inconnu des passionnés de Hifi de haute gamme. Equilibré, délivrant une bande passante très satisfaisante aux deux extrémités du spectre et une dynamique confortable, il se révèle musical et peu fatigant. Un avantage qui permettra même d’envisager de regarder un film sur son écran pas si ridicule que ça à courte distance, surtout lorsque l’on n’a pas d’autre choix sous la main !

Quand à sa fonction appareil photo, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’iPhone déçoit d’autant plus que son écran, justement, est d’excellente qualité. Car pour visualiser des photos importés depuis votre ordinateur ( un jeu d’enfant avec itune, tout du moins sur un Mac) l’iPhone est parfait. Redimensionnées par itune au moment de l’exportation pour gagner de la place, les photos en 160dpi issues de mon Nikon D200 apparaissent vivantes et largement assez précises pour garder près de soi les quelques images auxquelles on tient. Si la photo est à l’horizontal, il suffit de basculer l’appareil pour qu’elle s’affiche sur l’intégralité de l’écran alors qu’en écartant deux doigts à l’endroit désiré, on zoom dedans en un clin d’œil. Jouissif ! On se croirait dans le monde de « Minority Riport » à la place de Tom Cruise.

Mais les choses se gâtent lorsque l’on tente de prendre des photos avec la pauvre lentille placée au dos du boîtier qui utilise une focale grand angle en guise de mise au point. Elle est accompagnée d’un capteur 2 Megapixels qui se révèle largement suffisant pour restituer la résolution du cul-de-bouteille qui lui sert d’objectif. C’est vraiment dommage. Les images qui en résultent sont tout juste acceptables en pleine lumière….


…mais deviennent très, très bruitées et souvent flou dès que l’on se retrouve dans un environnement plus sombre.



Il reste donc des progrès à faire dans ce domaine, mais nul doute qu'Apple prépare déjà la suite des évènements, avec un iPhone 2 doté, on peut rêver, d'un capteur 5 mégapixels et d'une optique autofocus, comme c'est le cas sur certains produits concurrents tel que le Sony Ericsson K850i qui embarque un vrai appareil photo numérique digne de ce nom.

Reste que l'iPhone est un joujou extra ! Un excellent petit baladeur numérique doublé d'une visionneuse de photos performante qui se révèle en outre un agréable compagnon de voyage, un téléphone intuitif et un surprenant navigateur Internet dont on peut réellement se servir, ce qui n'est pas si courant.


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