lundi 21 avril 2008

Alain Bashung - Bleu pétrole




Finalement, six ans après L’Imprudence, le nouvel album d’Alain Bashung est arrivé dans les bacs. J’avoue avoir mis du temps à glisser Bleu pétrole dans le tiroir de mon lecteur, par peur de ne pas retrouver la même intensité musicale que sur cet album devenu mythique à mes oreilles par ce mélange unique et touchant de sensibilité, d’introspection et d’inspiration poétique.
Dès la première écoute, on comprend d’ailleurs que Bleu pétrole ne cherche pas à chanter sur les traces de son glorieux aîné. Moins intemporel, plus facile d’accès, il transporte tout de même sa dose de noirceur et de mélancolie, mais elle reste en surface, alors que « l’imprudence » nous entraînait dans les bas-fonds, les pieds lestés par des gueuses de plomb, pour visiter les ruelles sombres de ses (dés)illusions perdues. Pour autant, le disque profite de quelques textes bien trempés (de pétrole) qui profitent de cette voix, de ce phrasé inimitable, qui donne de l’épaisseur à un mélange réussi de blues et de rock que l’on prend plaisir à découvrir, puis à écouter, jusqu’à tomber finalement sous le charme, simplement, même lorsque tout va bien. Car, au-delà du retour aux sources annoncé, Bleu pétrole est surtout l’occasion pour Bashung de retrouver son rôle d’interprète à travers de nouvelles collaborations qui le laissent en marge de la composition et de l’écriture. Réalisé par Gaëtan Roussel (l’auteur-compositeur du groupe Louise Attaque qui signe ici seul, ou accompagné, six morceaux) et Mark Plati (que l’on a retrouvé derrière les Rita Mitsouko ou David Bowie), le disque a, semble-t-il, pris son temps pour se trouver autour d’Armand Méliès, Gérard Manset et Joseph d’Anvers qui remplacent le tandem Bashung-Fauque des derniers albums, sans essayer à tout prix de « faire » du Bashung.
Si Bleu pétrole n’est pas pour moi le meilleur album du rocker français, il rappelle avec succès les bons moments passés ensemble à travers un sentiment diffus, d’un bout à l’autre du disque, qui ressemble à celui des retrouvailles attendues. Il symbolise l’envie d’un homme libre de retrouver le plaisir simple de chanter, de s’éloigner aussi d’une forme d’introspection et de recherche expérimentale qui aurait pu le conduire, de son propre aveu, aux frontières de la folie. Sans pour autant trahir la sensibilité qui me le fait préférer à tant d’autres et lui renouveler l’admiration respectueuse que l’on doit à un artiste de sa trempe.
Au final, voici un album à écouter sans a priori, qui pourrait bien conduire celles et ceux qui ne connaissent pas encore Bashung à entrer progressivement dans son univers, avant de s’attaquer au cœur de son œuvre, une fois le premier choc amorti.

Deux éditions, classique et luxe, en vente simultanément

Bleu pétrole profite d’une production "classieuse", principalement acoustique, qui remet à l’honneur guitares sèches et batteries, agrémentées tout de même de quelques claviers bien sentis, au sein d’une mise en espace convaincante et sans artifice. Équilibrée et relativement dynamique, elle restitue à merveille le timbre de la voix de Bashung et vous place dans la musique sans pour autant projeter l’image sonore sur vos genoux. L’édition Luxe comprend, en plus du disque, un beau livret illustré de quelques photos émouvantes de l’artiste, ainsi qu’un DVD Vidéo comprenant les sessions acoustiques de « Résident de la République », « Je t’ai manqué » et « Sur un trapèze » où l’on voit Bashung accompagné à la guitare par Gaëtan Roussel, ainsi qu’un documentaire qui retrace le cheminement du disque autour de ses auteurs-compositeurs.


Alain Bashung
Bleu pétrole
Edition: Barclay


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